samedi 9 août 2008

Futurisme retro semi-utopique

Une visite dans l'atelier de Roman Bittner avec des renvois à Eboy, Mies et Hergé



Salut Roman, en ce moment nous ne voyons qu'une seule nouvelle oeuvre de toi par année! Qu'est-ce qui se passe?

Ben, jusqu'alors j'ai toujours réussi à faire deux tableaux par an. Cette année par contre je n´en ai fait que trois d'un format clairement plus petit, et je travaille maintenant sur un nouveau tableau plus grand. C´ est l´inconvenient de mon implication á travers mon grand nombre de travaux pour l´Illustrative.

Tu n'as plus de temps pour des travaux libres ou quoi?

En effet, il faut que je me décide. De plus en plus entrent des vrais commandes pour l'illustration éditoriale, lesquelles veulent précisément le style "Ancient-Cities" que j'ai montré à l'Illustrative. Et ceci me coûte tout le temps libre.

Est-ce que le graphique vectoriel - selon ton usage complexe - est un processus extrêmement coûteux? Tu ne copies pas seulement des éléments de l'image?

Les graphiques vectoriels sont vraiment très coûteux, mais je double naturellement à chaque fois, comme p.ex. les fenêtres, mais je varie toujours au moins les couleurs ou les compositions des volets. Ainsi j'essaye toujours de faire un mélange équilibré entre des choses dessinées neuves, celles qui sont modifiées et celles qui sont doublées, afin que le spectateur n'ait pas l'impression que je ne me suis pas donné de la peine.

Pendant l'Illustrative on n´a pas pu passe à côté de ton cycle d'images "Ancient Cities of Tomorrow". Quelle est l'idée derrière?

Je suis un grand fan de l'architecture et des métropoles. En parallèle, dans les dernières années soixante-dix et les premières années quatre-vingt, j'ai vécu au Kaiserdamm de Berlin au centre d'un climat influencé par la scène des scouts, des luttes dans la rue, une tendance (une colère) de démolition, une moderne échue et une critique salée contre des grands projets comme la ville de Gropius (Gropiusstadt) et le quartier Märkisch (Märksiches Viertel). Cela m'a influencé profondément, même si alors j'étais encore très jeune. Plus tard j'ai étudié histoire et histoire de l'art à Berlin et je me suis concentré presque exclusivement sur les cours d'histoire de l'architecture. J'ai suivi les paroles de Kippenberger qui a dit à ses étudiants: "Faites dont vous avez vraiment envie, si vous aimez les voitures, occupez-vous des voitures!" - et ainsi je suis fasciné par les édifices et les structures des villes.





Quand nous regardons tes tableaux nous n'arrivons pas à faire abstraction de Eboy (le fondateur de l'art pixel). Est-ce qu'il y a une relation psychique ou c'est complètement autre chose ce que tu fais?

Je connais naturellement les travaux de Eboy et je les apprécie. Par contre il n'existe pas d'influence directe, cette impression se crée plutôt depuis l'extérieur. En ce qui concerne la formalité nous travaillons dans des segments complètement différents. Ce qui se ressemble est le sujet des villes, la densité, et peut-être les publicités illuminées ainsi que partiellement la perspective avec ses lignes qui ne se rejoignent pas dans un point de fuite, mais qui sont parallèles.



Est-ce quele fait que le sujet porte sur la grandeur et la démesure qui induit une erreur laisse penser que tes oevreus ressemlent á celles d´Eboy?

Oui, nous avons plutôt beaucoup de points contraires. Je vois les artistes selon Eboy, avec leur esthétique pixel très froides, plutôt comme des modernistes classiques. Leurs paysages ont des éléments futuristes ou au moins contemporains. Les pixels proviennent sans doute des années quatrevingt-dix quand l'ordinateur était encore quelque chose de nouveau et en quelque sorte cet art rend hommage au culte de la machine.



Tes images rendent plutôt hommage à l'anti-modernisme.

Oui, on pourrait dire cela. C'est pour cette raison que mes villes sont toujours décrites comme "retro". En effet, il existe rarement un édifice qui pourrait sortir des années entre 1940 et 1995, rien qui ressemble même en partie à des oeuvres de Mies, Corbusier, Gropius ou Liebeskind. Je me définis un anti-moderniste absolu entre autres à travers la grande densité des détails, des ornements et les conduites des rues, qui ressemblent aux tableaux médiévaux.

En effet tu travailles beaucoup plus en détail...

Étant donné que les artistes selon Eboy doivent passer tout à travers leur transformateur de pixel, pratiquement ils ne peuvent pas se concentrer sur des finesses architecturales comme les corniches, les rebords, les architraves, les pilastres ou les volutes. De plus, la lumière et les ombres ne jouent non plus un rôle - ces artistes n´ont pas du tout façon cette aspiration. Mes sources d'inspirations sont plutôt Chris Ware, Edward Hopper ou Ali Mitgutsch. Et bien sûr Hergé avec ses tendances fétichistes dans les recherches pour les avions, les voitures et les chemins de ferre. Et de plus avec sa ligne claire, qu'il a presque inventé.



En effet, les artistes selon Eboy représentent des villes existantes avec tous leurs emblèmes connus et inconnus....

...et elles trouvent leur particularité et leur bon mot dans la grossièreté et l'abstraction dû à la transposition dans les pixel. Au contraire, moi, je veux représenter des villes qui n'existent pas avec leurs plus petits détails.



Ceci me rappelle "Les villes mystérieuses" des dessinateurs de BD Shuiten et Peters lesquelles ont été exposées à l'exposition mondiale de Hannover. Est-ce que tu dirais que tes "Ancient Cities" ont un caractère utopique - ou semi-utopique?

Derrière mes illustrations se cache naturellement une utopie - que les villes deviennent plus denses, plus urbaines, plus hétérogènes, plus objectives et plus de détaillées. Ainsi cela serait complètement contraire aux utopies architecturales du modernisme classique des années vingt aux années soixante-dix. Alors il s'agit d'une nouvelle ville utopique qui se détache des utopies connues orientées vers le futur, mais dans le sens "old is the new new".

Beaucoup de détails, mais aussi les véhicules et les publicités proviennent d'autre temps. Néanmoins j'ajoute à l'ensemble de la scène des éléments utopiques comme les lignes du chemin de fer élevées qui se croisent, les aéroports sur les toits ou l'empilement de la circulation. Ils contiennent une idéalisation subtile des scènes de villes connues. Par conséquent, je pense que cela peut être défini comme du "Futurisme retro semi-utopique".

Qu'est-ce qui vient en prochain?

Mon prochain projet est de poser le grand format transversal "Air Harbour und Train Station" au milieu d'un diptyque d'environ 5-8 illustrations supplémentaires! Avec cela je serais occupé pour les prochains années....


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